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de B. étaient déjà renseignés à ce sujet par Genève[1]). Maintenant se pose cette question : la Commission nommée pour la publication des procès-verbaux du Congrès (et dont je fais partie) peut-elle ou non faire un usage public de cette lettre ? Cela dépend naturellement de L. ; toutefois je dois faire remarquer qu’après le Congrès ces faits ont, sans notre concours, fait depuis longtemps le tour de la presse européenne. Toute la façon dont les choses se sont passées m’a contrarié d’autant plus, que j’avais compté sur la plus stricte discrétion, et que je l’avais solennellement réclamée.

À la suite de l’exclusion de B. et de Guillaume, l’Alliance, qui avait l’Association entre ses mains en Espagne et en Italie, a immédiatement ouvert partout contre nous une guerre de calomnies, etc., et, alliée à tous les éléments corrompus, elle cherche à provoquer une scission en deux camps. Mais sa défaite finale est certaine, et elle ne fait que nous aider à nettoyer l’Association de tous les éléments malpropres ou faibles d’esprit qui s’y sont introduits par ci par là.

L’attentat criminel des amis de B. à Zürich contre le pauvre Outine[2] est un fait certain ; Outine lui-même se trouve en ce moment dans un état de santé très dangereux. Cet exploit honteux (Hallunkenthat) vient d’être raconté par beaucoup de journaux de l’Association (entre autres par la Emancipacion de Madrid), et figurera avec tous ses détails dans notre compte-rendu public du Congrès de la Haye. La même bande de chenapans (Hallunkenbande) a fait en Espagne deux tentatives du même genre contre ses adversaires[3]. Elle sera bientôt clouée au pilori devant tout l’univers.

18 janvier 1873.

... En ce qui concerne L.[4] j’aimerais mieux supprimer, dans l’enquête qui sera publiée, toute la partie qui se rapporte à lui, que de l’exposer au moindre danger. D’autre part, le courage est peut-être la meilleure politique. D’après une publication faite en Suisse par B., non sous son nom, mais sous ceux de quelques-uns de ses amis slaves[5], ils ont l’intention de donner leur propre version de toute l’affaire aussitôt que les circonstances leur permettront de le faire. L’indiscrétion commise par leurs complices à la Haye était intentionnelle, et je suppose qu’ils croyaient exercer par là une sorte d’intimidation[6].

  1. Nous n’avions pas parlé de Lioubavine. J’ignore si Joukovsky connaissait son nom, mais il ne l’a pas prononcé : car s’il l’eût fait, ce nom fût, de la sorte, venu à ma connaissance dès 1872 ; or, il ne m’a été révélé qu’en 1904.
  2. Au sujet de cet « attentat », que la brochure L’Alliance de la démocratie socialiste, etc. (1873), appelle « une tentative d’assassinat », voir t. II, p. 328, note 3.
  3. L’une de ces deux « tentatives » d’attentat est probablement le prétendu « guet-apens » organisé à Valencia contre Mora par les membres du Conseil fédéral espagnol, « guet-apens » au sujet duquel j’ai publié le démenti d’Anselmo Lorenzo (t. II, p. 307) Quant à l’autre « tentative », j’ignore ce que ce peut être.
  4. C’est Lioubavine, que Marx ne désigne que par l’initiale de son nom.
  5. Marx fait évidemment allusion à la lettre à la rédaction de la Liberté, reproduite ci-dessus.
  6. Marx appelle « indiscrétion » le fait d’avoir rétabli la vérité calomnieusement travestie ! On voit qu’il cherche, pour se disculper auprès de Lioubavine, qui se croyait mis en péril par le rapport de la majorité de la Commission, à lui persuader que, s’il éprouve des désagréments, ce sera la faute de Bakounine et de ses amis.