Aller au contenu

Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/473

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le cinquième Congrès de l’Union des tonneliers a résolu, à la presque unanimité, la dissolution des ateliers coopératifs. La coopération de consommation a produit des résultats réguliers, et elle fournit un moyen commode pour permettre de réunir publiquement un nombre considérable d’ouvriers. »

Quand la lecture du rapport espagnol fut achevée, la séance fut levée.


Presque immédiatement après s’ouvrit, dans la même salle, devant une nombreuse assistance, la troisième séance (publique) qui fut présidée par Müller [Weiss], et consacrée à un débat sur cette question : « L’attitude de l’Internationale dans la guerre d’Orient ». Prirent la parole : Joukovsky, Gutsmann, Perron, De Paepe ; la citation que j’ai faite (p. 92) d’une correspondance publiée par le National suisse indique l’impression produite sur l’assistance par les discours prononcés.


La quatrième et la cinquième séances (privées), le vendredi matin et le vendredi après-midi, furent remplies par l’audition de la suite des rapports des Fédérations, et de communications des invités.

Le premier rapport lu le vendredi matin fut celui de la Fédération jurassienne, très court, et indiquant sommairement le développement pris par la Fédération depuis le dernier Congrès général. Il exprimait, en terminant, la joie que nous avait causée l’appel à la conciliation lancé par un groupe de socialistes à l’occasion des funérailles de Bakounine, et la certitude que, « si on voulait chercher loyalement à réaliser une entente amicale, on y réussirait ».

De Paepe présenta ensuite un double rapport, sur la Belgique et sur la Hollande.

Le rapport expliquait qu’en Belgique la situation s’était insensiblement modifiée, « par les éléments nouveaux qui entrent dans le mouvement ouvrier socialiste et par la nouvelle ligne de conduite que les ouvriers belges veulent suivre en ce moment. En parlant d’éléments nouveaux, nous voulons dire que dans beaucoup de sections de l’Internationale les anciens membres ont disparu en assez grande partie, pour faire place à des hommes nouveaux, et notamment à des jeunes gens qui n’étaient que des enfants lors des premiers Congrès de l’Internationale ; nous voulons dire aussi que le mouvement paraît se déplacer, en ce sens que dans le pays wallon beaucoup de sections ont disparu ou ont décliné, tandis que dans le pays flamand les sections sont en voie de progrès et se livrent à une propagande active. Et en parlant de nouvelle ligne de conduite, nous faisons allusion à l’initiative prise par les Sections de Gand et d’Anvers, reprise à Bruxelles par la Chambre du Travail[1], de s’adresser à la législature pour obtenir une loi sur le travail des enfants ; ce mouvement est un premier pas sur le terrain de la politique, qui sera probablement suivi d’autres manifestations ou d’autres mouvements de politique ouvrière. » Pour montrer que, dans le pays wallon, l’Internationale était en recul, De Paepe ajouta : « La fédération de Charleroi, qui contenait des sections très nombreuses, a disparu ; celle de Liège également ; dans le Borinage, une seule section a survécu, celle de Jemappes[2] ; la fédération de la vallée de la

  1. À propos de la Chambre du Travail de Bruxelles, De Paepe s’exprimait ainsi : « À Bruxelles, la Section de l’Internationale n’est plus qu’un groupe d’études sociales ; les sociétés ouvrières qui s’y étaient affiliées l’ont toutes quittée les unes après les autres ; mais elles n’ont pas tardé à se fédérer entre elles sous le titre de Chambre du Travail, et j’ajouterai en passant que les membres de l’Internationale bruxelloise sont loin d’être hostiles à cette institution nouvelle, bien que celle-ci se meuve tout à fait en dehors d’elle. »
  2. Je ne sais comment concilier cette affirmation de De Paepe au sujet des fédérations de Charleroi, de Liège, et du Borinage, avec ce fait qu’au Congrès de la Fédération belge de l’Internationale tenu à Bruxelles sept mois plus tard, le 3 juin 1877, il y avait, parmi les quatre-vingt-huit délégués, des représentants de Charleroi, Huy, Jolimont, Haine-Saint-Pierre, Haine-Saint-Paul, Fayt, et Jemappes. Les renseignements de De Paepe devaient être partiellement erronés.