Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/56

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— qu’un de ces mandats, venant soi-disant d’une Section allemande de Chicago, a été remis à un individu bien connu pour être en relations avec le journal [conservateur] le Standard, et duquel le citoyen Karl Marx lui-même avait dit, à peine un mois auparavant, qu’il le soupçonnait d’être un espion[1] : — que c’est en parlant en faveur de l’admission de cet individu au Congrès que le citoyen Marx a osé dire « que c’était un honneur « de ne pas appartenir à ceux qu’on nomme les chefs (leaders) du mouvement ouvrier anglais, attendu que tous ces leaders sont vendus à Gladstone, à Morley, à Dilke, etc. » Nous prouverons en outre que ce même individu, agent du parti conservateur, a fourni au Standard des comptes-rendus réguliers des séances privées du Congrès, dont les correspondants de journaux avaient été exclus, donnant des détails circonstanciés sur tous les incidents plus ou moins scandaleux qui survinrent dans ces séances.

« À l’appui de toutes ces assertions, nous ne nous bornerons pas à de simples affirmations, nous présenterons des faits ; et voilà pourquoi il se trouve des gens à qui la convocation d’un Congrès anglais fait si grand peur. Ceux qui ont été les instigateurs et les instruments de ces fraudes n’osent pas affronter la vérité ; c’est pour cela qu’ils prétendent que notre convocation est illégale, et qu’ils emploient tous les moyens pour vous prévenir contre nous. Nous ne vous demandons rien d’autre que de vous décider après avoir pris connaissance des faits, et de choisir ensuite ceux qu’il vous plaira pour administrer vos affaires à l’avenir. C’est à vous de décider par vous-mêmes qui sont ceux qui représentent réellement l’Internationale et les aspirations des classes ouvrières. Nous ne prétendons pas nous attribuer le monopole de l’administration de vos affaires. Nous croyons que les travailleurs sont en état de se diriger eux-mêmes, à la condition qu’ils en aient la volonté.

« ... Le nouveau Conseil général à qui a été remis le soin de diriger les destinées de l’Association (sous l’inspiration de certains membres de l’ex-Conseil général) est en guerre avec lui-même, et avant peu aura cessé d’exister. Deux des hommes élus à la Haye ont refusé d’y siéger, parce qu’ils ne voulaient pas se laisser employer comme de dociles instruments ; l’un d’entre eux était le seul Américain élu. Maintenant Kavanagh, l’un des deux Irlandais qui font partie du Conseil général, se déclare à son tour dégoûté de ce qui s’y passe. Sorge, que son propre parti n’a pas osé nommer à la Haye, s’est fait adjoindre à ce soi-disant Conseil, et y exerce l’office de secrétaire général. Cet homme, qui est Allemand, est celui qui a apporté d’Amérique les mandats en blanc ; c’est lui qui, dans un de ses discours à la Haye, disait : « Les Américains natifs ne travaillent pas, ils vivent aux dépens des autres ; il est inutile d’essayer de rien organiser avec eux ». Voilà l’homme dont on voudrait faire le directeur en chef de toute la politique de l’Internationale !

« Les deux circulaires en question[2] prétendent que les résolutions du Congrès de la Haye ont été complètement acceptées en France, en Alle-

  1. Il s’agit de Maltman Barry (voir t. II, p. 324).
  2. Les contre-circulaires rédigées par Marx et Engels.