Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/598

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article de fond. Tout ce qui concerne le Bulletin doit être rendu à Neuchâtel lundi (16) ; il faut donc que je le reçoive assez tôt pour pouvoir le corriger un peu : et samedi et dimanche il m’est impossible de beaucoup bûcher, car j’ai Adhémar qui vient à Berne pour faire une conférence. » — Du même à Kropotkine, 17 juillet : « J’ai expédié ta lettre à Genève, et je te réexpédie la fin de ton article afin que tu me le renvoies ; la première partie paraîtra dans le prochain numéro du Bulletin. Je te prierais seulement de m’envoyer cette fin d’article plus tôt que la semaine passée tu n’as envoyé le commencement : il faut en effet que je copie tout cela sur papier petit format pour me rendre compte de la place que ça tient, et le samedi je suis toujours horriblement occupé. À propos, le dernier numéro de l’Avant-Garde est mauvais, d’accord : mais que penses-tu sur le sens de l’article « Pacte de solidarité » ? Es-tu de mon avis ? et, si oui, ne pourriez-vous pas à la Chaux-de-Fonds prendre texte de cet article pour rédiger une circulaire aux intimes, et discuter, avant le Congrès jurassien, ce qui concerne l’attitude et le programme de la Fédération jurassienne au Congrès universel ? »

Pendant mon absence de Neuchâtel, je reçus la lettre suivante :

« Genève, le 14 juillet 1877. — Citoyen, Après l’arrestation de Ross, il a dû, croyons-nous, rester entre vos mains le matériel d’une imprimerie, puisque en vous seul il avait une entière confiance. L’imprimerie du Rabotnik ayant actuellement de nombreux travaux socialistes à exécuter, et n’ayant pas un matériel suffisant, voudrait bien pouvoir se servir de l’instrument de travail qui entre vos mains reste sans utilité pour la cause révolutionnaire. Nous nous adressons donc à vous pour cet objet, vous offrant, si vous pouvez nous remettre ce matériel, avec la garantie et sous la responsabilité de Lenz, Joukovsky, Ralli, Tcherkézof, et peut-être de Kropotkine, de vous remettre ce dit matériel dès que vous aurez à exécuter les conditions auxquelles on vous l’a remis en dépôt, soit pour le faire tenir à Ross, soit à ceux à qui il vous autorisera à cet effet, — ce matériel ne devant, dans les circonstances actuelles, rester en possession de l’imprimerie du Rabotnik que jusqu’au moment où vous aurez à en disposer. Étant très pressés, nous vous prions de nous répondre le plus tôt possible. Recevez, citoyen, mes salutations. — Z. Ralli. »

Je fis demander à Ross — alors enfermé à Pétersbourg dans la maison de détention préventive — l’autorisation nécessaire, et il me l’envoya : par quels moyens pûmes-nous correspondre ? j’en ai oublié le détail. Le groupe russe de Genève au nom duquel Ralli m’avait écrit fut donc, du consentement exprès de Ross, mis en possession du matériel de l’ancienne imprimerie russe du groupe socialiste révolutionnaire de Zürich, qui était déposé chez Alfred Andrié, à Saint-Aubin.




XIII


Du milieu de juillet 1877 au neuvième Congrès général de l’Internationale.


Je passai les trois dernières semaines de juillet à la montagne. Nous nous installâmes, ma femme et moi, avec notre fillette, à Champéry (Val d’Illiez, Valais), au pied des Dents du Midi, dans une chambre rustique que nous loua un paysan[1] ; nous prenions nos repas à l’hôtel de la Croix-Fédérale. J’avais apporté avec moi le volume anglais que je devais traduire pour M. Aimé Humbert, secrétaire général de la Fédération britannique et continentale pour l’abolition de la législation réglementant la prostitution (association fondée par Mme  Joséphine Butler) : tous les matins, je traduisais un nombre déterminé de pages, et, mon pensum quotidien achevé, nous nous trouvions libres d’aller nous

  1. J’ai revu cette chambre en août 1908 ; elle est maintenant transformée en un salon de rafraîchissements.