Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/83

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« Verviers, 9 février, 1 heure et demie soir.

« Le Conseil de New York suspend la Fédération jurassienne. Vive à jamais la Fédération jurassienne !

« Au nom du Congrès de Verviers :
« Gérard Gérombou[1] ».


Dans la séance du 23 février du Comité fédéral jurassien était lue une lettre du Conseil fédéral hollandais annonçant que les Sections de la Hollande, qui jusqu’à ce moment ne s’étaient pas encore prononcées sur les décisions de la majorité de la Haye, ne reconnaissaient pas la suspension de la Fédération jurassienne. Voici cette lettre :


Amsterdam, 14 février 1873.

... Les Sections hollandaises se sont maintenant prononcées sur la question du Conseil général, et le résultat est : que les Sections d’Amsterdam, de la Haye et de Rotterdam sont en faveur de la minorité du Congrès de la Haye, c’est-à-dire que nous continuerons d’être en relations avec le Conseil général ; nous paierons nos cotisations comme d’habitude ; mais jamais nous n’adjugerons au Conseil général le droit de suspendre ou d’exclure une Fédération ou Section quelconque ; par conséquent nous n’acceptons pas la suspension de la Fédération jurassienne, quoique nous devions avouer que le Conseil général (d’après les résolutions du Congrès de la Haye) n’aurait pas pu agir autrement.

La Section d’Utrecht seule approuve pleinement les résolutions prises par la majorité du Congrès de la Haye.

Salut et solidarité.

Au nom du Conseil fédéral hollandais ;

H. Gerhard, secrétaire correspondant.


Le 22 février, la Commission fédérale espagnole adressait au Conseil général de New York une lettre dont elle donna en même temps connaissance à la Fédération jurassienne ; en voici le passage principal :


Nous avons reçu le 17 courant votre lettre datée du 5 janvier 1873, par laquelle vous nous annoncez que vous avez prononcé la suspension de la Fédération jurassienne du reste de l’Association internationale des travailleurs...

Si les travailleurs croyaient que l’unité de l’Internationale fût fondée sur l’organisation artificielle et toujours factice d’un pouvoir centralisateur quelconque, votre inqualifiable conduite serait suffisante pour diviser l’Internationale ; mais comme il n’en est pas ainsi, le peu d’ouvriers qui suivent encore l’erreur comprendront que l’institution d’un Conseil général dans l’Internationale est une violation permanente de la liberté qui doit être la base fondamentale de notre Association, parce que sans elle la solidarité n’est pas possible.

  1. Ce télégramme fut confirmé le surlendemain par une lettre du Conseil fédéral du Bassin de la Vesdre, signée des noms suivants : Denis Noblué, J.-N. Demoulin, Émile Piette, Joseph Pirotte, Jules Ernst, A. Pairoux, Gervais Clerdent, Pascal Badson, Louis Lincé, J.-Olivier Ruwette, Jean Corimon, Ch.-J. Maignay, Charles Picraux, Pierre Bastin, Laurent Manguette, Jules Wuilmès, Althère Spiron.