Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Nous laissons à Bakounine le soin de répondre dans le Réveil même — et nous savons qu'il va le faire — aux calomnies qui le concernent personnellement. Nous ne comprenons pas qu'un journal rédigé par M. Delescluze, qui est un honnête homme, ait pu accueillir des infamies semblables, et nous sommes assurés que le Réveil, mieux informé, fera bonne justice des vilenies de M. Maurice Hess.

Venons à ce qui touche l'Internationale. Qu'est-ce que c'est que ce prodigieux projet de transférer le Conseil général à Genève ? Lequel de nous, nous vous le demandons, socialistes de la Suisse romande, avait rêvé une chose pareille ? Nous voilà donc transformés en ténébreux conspirateurs, recevant les directions d'un agent du gouvernement russe, intriguant contre le Conseil général de Londres, et minant sourdement — ce sont les expressions de M. Maurice Hess — l'organisation de l'Internationale ! Vous en doutiez-vous, vous tous qui luttez avec nous contre le privilège bourgeois, qui cherchez à créer partout des associations ouvrières et à les affilier à l'Internationale, qui combattez pour l'Internationale, qui êtes persécutés pour l'Internationale, vous en doutiez-vous qu'on allait vous représenter au public parisien comme cherchant à détruire l'Internationale !

Ah ! prenons bien garde, compagnons, à cette tactique infernale de nos adversaires, qui cherchent à nous tuer par le poison du soupçon et de la défiance mutuelle.

Et qui est ce M. Maurice Hess, qui sait si bien mentir ? Si c'était un adversaire déclaré, on ne se donnerait pas la peine de répondre. Mais c'était un délégué au Congrès de Bâle. Oui, M. Hess a siégé au Congrès, au bureau du Congrès, parmi les secrétaires allemands ; ce n'est donc pas par ignorance qu'il a péché. Comment s'expliquer l'attaque inqualifiable et les imputations absurdes qu'il a publiées dans le Réveil ? Nous savons, il est vrai, que Bakounine a grièvement blessé l'amour-propre de M. Hess en lui disant ce qu'il pensait d'une brochure de sa façon ; mais est-ce ainsi qu'on se venge d'une critique littéraire ?

Dans le même article, M. Hess divise les délégués de Bâle en deux camps : les communistes russes et les collectivistes de l'Internationale. Nous ne savons trop quels sont ceux qu'il désigne par ce dernier titre ; mais sous la dénomination de communistes russes il entend évidemment ceux qui ont voté dans le même sens que Bakounine, c'est-à-dire les Belges, une partie des Allemands, le plus grand nombre des Français, les Suisses, les Italiens et les Espagnols. Entre les collectivistes de l'Internationale et les communistes russes, c'est-à-dire entre M. Hess et nous, il y a — c'est lui qui le dit — toute la différence qui existe entre la civilisation et la barbarie, entre la liberté et le despotisme, entre des citoyens condamnant toute sorte de violences, et des esclaves habitués aux agissements de la force brutale.

Les collectivistes de l'Internationale, ajoute M. Hess, pensent que la révolution politique et la démocratie radicale doivent précéder la révolution et la démocratie sociales.

Dans tout ce verbiage, et au milieu des équivoques que M. Hess voudrait faire naître, il n'y a de clair qu'une chose : c'est l'aveu contenu dans ces dernières lignes. M Hess, qui au Congrès de Bâle