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La séance de mercredi, troisième jour du Congrès, est sacrifiée à la discussion des statuts. L’assemblée approuve presque à l’unanimité les modifications proposées par la commission[1]. Une question seulement donne lieu à une discussion plus vive, c’est celle de déterminer qui peut faire partie de l’Association ; ce qu’on doit entendre par ce mot travailleur ; si les ouvriers de la pensée doivent être admis. Les délégués anglais penchent pour cette dernière opinion. Les Français soutiennent le contraire. Ils font valoir les conditions des deux ordres du travail qui sont différentes, le danger qu’il y aurait à laisser envahir l’Association par des ambitieux, par des hommes de parti qui voudraient en faire un instrument dans leur propre but étranger à l’Association.

M. Vuilleumier, délégué de la Section de la Chaux-de-Fonds, proteste avec chaleur contre cette exclusion. Il fait observer que ce sont justement les hommes de la pensée qui donnent l’initiative au mouvement ; il cite M. le docteur Coullery, et profite de l’occasion pour rendre hommage à ce qu’il a fait pour la Section de la Chaux-de-Fonds.

Les délégués allemands parlent avec la même force contre cette exclusion, qui serait en même temps un genre de condamnation de la science, comme si l’ouvrier n’en était digne ou ne savait l’apprécier.

L’opposition des délégués français tombe.

Les statuts présentés par la commission sont adoptés par l’assemblée dans la forme suivante (suit le texte des statuts[2]).


Un rapport sur le Congrès de Genève a été publié en anglais dans le journal the Commonwealth de Londres, qui servait d’organe au Conseil général. Ce rapport contient ce qui suit relativement à l’adoption des statuts :


Une commission composée de trois Français, de trois Anglais, de deux Suisses et de quatre Allemands[3] fut nommée pour rédiger les Statuts généraux, sur la base de ceux de la Conférence provisoire de Londres (25 septembre 1865[4]). Cela fut fait, quoique pas sans de chaudes discussions, en deux heures, et dans la séance de l’après-midi ils furent finalement écrits en allemand, en français et en anglais[5], puis, après de longs débats, ils furent adoptés[6].

Dans la même séance, une commission de quatre membres (MM. Coullery, Eccarius, Bürkly et Fribourg) fut nommée pour rédiger un règlement destiné à former un appendix des statuts généraux[7].


On vient de voir que le projet de Statuts généraux fut rédigé par la commission en trois langues. En tête des statuts, elle avait placé, sans changement aucun, les considérants qui formaient le préambule des Statuts provisoires. Il s’était produit, au sujet de ces considérants, une chose assez singulière : lorsque le texte anglais avait été traduit en français à Paris, à

  1. C’est-à-dire les modifications au texte des Statuts provisoires.
  2. Congrès ouvrier, etc., pages 11-12.
  3. Cela ne fait que douze membres ; le Compte-rendu de Card dit treize.
  4. Il eût fallu dire : « sur la base des Statuts provisoires qu’avait élaborés la commission élue par le meeting de Saint Martin’s Hall (28 septembre 1864) ».
  5. Il s’agit d’une séance de la commission, le mardi après-midi.
  6. Par le Congrès, le mercredi, dans la séance du matin.
  7. Commonwealth du 26 janvier 1867.