Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/420

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

hommes qui conspirent dans l’ombre pour réaliser une œuvre infernale. Levez-vous en masse pour protester contre cette tentative de déchaîner au milieu de nous le souffle de la guerre civile… Protestez bien haut contre les paroles de ces hommes, dénoncez-les à l’indignation de tout notre peuple.

Au nom des Sections internationales de la Chaux-de-Fonds :

Ulysse Dubois. — Louis Elzingre. — Henri Fuey. — Antoine Fournier. — G. Robert-Giroud. — Émile Perret. — Jean Bœgli. — David Capt. — Charles Huelin.


Coullery s’associa à la « protestation » de MM.  Ulysse Dubois, Elzingre et Cie par une lettre qu’il adressa à la rédaction de la Montagne ; je cite :


Fontainemelon, le 9 septembre 1870.
Monsieur le Rédacteur,

Je viens de lire dans la Montagne la protestation de la Section internationale de la Chaux-de-Fonds contre un appel qui vient de paraître à Neuchâtel sous forme de supplément à la Solidarité.

Le grand tort de M. James Guillaume est de se mêler de ce qui ne le concerne pas.

En vertu de quel titre peut-il faire un appel à l’Internationale de la Suisse romande ? Ne sait-il pas que la Fédération romande n’a pas voulu accepter les sociétés communistes et abstentionnistes ?

Que ces sociétés converties par James Guillaume, Bakounine et consorts, prennent les armes et aillent en France combattre pour ou contre la République qui vient de naître, cela regarde ces Messieurs ; mais qu’ils ne viennent pas compromettre aux yeux de la Suisse et du monde entier une société qu’ils n’ont pu ni bouleverser ni convertir à leurs doctrines…

Il serait même bon, peut-être urgent, d’avertir la France que ces citoyens-là ne prendront jamais les armes pour défendre la République française, mais bien pour la bouleverser et la faire échouer. En effet, théoriquement les communistes, à la Guillaume et à la Bakounine, ne peuvent pas prendre les armes pour défendre un gouvernement quelconque, puisqu’ils ne veulent ni gouvernement, ni religion, ni famille. Toutes les fois qu’ils prendront les armes, ce sera pour renverser ces institutions ; car pour eux tous les gouvernements sont bourgeois, les républiques suisses comme les autres… Ils ne veulent aucune forme de gouvernement, et pour eux le patriotisme est un sentiment bestial. Pourquoi donc voudraient-ils aider les Français à défendre leur nouveau gouvernement et leur vieux sol sacré ? J’ai été bien payé pour savoir que la parole des Guillaumistes et Bakouniniens ne vaut pas mieux que celles des Bonapartes et des rois[1].

  1. En écrivant cette lettre pleine de fiel, Coullery était encore sous l’impression d’une nouvelle désagréable qu’il avait reçue un mois avant : il avait perdu le procès qu’il m’avait intenté l’année précédente (voir t. Ier, pages 163 et 214). Dans son audience du 9 août 1870, le tribunal civil du Locle avait déclaré sa demande mal fondée et l’avait condamné aux dépens ; le simple bon sens indiquait que le procès ne pouvait avoir d’autre issue, attendu que Coullery, en acceptant du Comité fédéral romand de Genève un à-compte, avait reconnu que c’était ce Comité qui était responsable envers lui de la dette contractée par l’Internationale. N’osant pas s’en prendre aux hommes de Genève, devenus ses alliés, non plus qu’au Congrès de Bâle qui avait blâmé sa conduite, Coullery, furieux, trouva plus avantageux pour sa politique de prétendre que les amis de Bnkonnine et les miens lui avaient manqué de parole, alors que j’avais fait tout mon possible pour aider à la vente des exemplaires restants du compte-rendu du Congrès de Lausanne.