Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/478

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à la France : « c’est un coup mortel porté aux idées centralisatrices-bourgeoises ». Il ajoutait : « Les actes de la Commune prouvent qu’elle veut résolument marcher dans les voies du socialisme... Nous avons remarqué, parmi les membres qui la composent, un certain nombre d’internationaux, par contre, on y voit figurer aussi quelques personnalités qui ne nous inspirent malheureusement qu’une médiocre confiance. » Parlant ensuite de la province, il disait : « Ce qui se passe dans les départements est de favorable augure pour l’avenir des Communes autonomes... Les masses populaires viennent de rompre définitivement avec le principe d’autorité représenté par un pouvoir central... Si le mouvement communal de Lyon ne s’est pas maintenu comme celui de Paris, il faut plutôt en accuser le défaut d’intelligence pratique de ceux qui avaient mission de l’affirmer, que les aspirations des masses travailleuses, car l’esprit des ouvriers de Lyon est socialiste et révolutionnaire... Nous pouvons en dire autant de Narbonne et de Saint-Étienne. » Il affirmait que Marseille tenait bon : « Les dépêches mensongères de Versailles n’ont pas réussi à étouffer le mouvement de la Commune révolutionnaire de Marseille ». Mais, à la fin du numéro, deux lignes ajoutées en dernière heure constataient la triste réalité : « Nous apprenons que le mouvement de Marseille a, malheureusement, échoué ».

Un article de ce numéro prenait la défense de Karl Marx, calomnié par la presse versaillaise. C’est moi qui l’avais écrit. Je le reproduis :


Le Soir publie l’entrefilet suivant, que tous ses confrères se hâtent de rééditer après lui :

« Une lettre reçue d’Allemagne nous apprend que M. Karl Marx, un des chefs les plus autorisés de l’Internationale, était en 1857 secrétaire de M. de Bismarck. »

Comme nos lecteurs le savent, Karl Marx, membre de notre Conseil général, et auteur bien connu du livre le Capital, est proscrit d’Allemagne depuis 1848, et habite Londres depuis cette époque. Mais qu’importe à ces messieurs ! Il faut absolument faire croire aux badauds parisiens que l’Internationale est soldée par la Prusse. Bientôt Liebknecht et Bebel seront à leur tour des agents de la police secrète de Berlin, qui auront poussé le zèle jusqu’à se laisser enfermer pour mieux faire croire à un complot socialiste. Bientôt le Volksstaat, l’Internationale, la Solidarité seront rédigés aux frais de M. de Bismarck !

Parlons sérieusement. Nous ne comprenons pas que, pendant une crise révolutionnaire, où la calomnie peut devenir une arme si dangereuse, on laisse ses adversaires, sous prétexte de liberté de la presse, continuer leur système d’attaques jésuitiques. Est-ce que, sous prétexte de liberté de réunion, la Commune laisserait les régiments de Versailles venir camper sur la place Vendôme ? Il faut savoir être logique, et, quand on fait la guerre, la faire à outrance. Le premier jour de son avènement, la Commune de Paris aurait dû supprimer tous les journaux de police.


Le 16, nouvelle lettre de Bakounine (en russe) à Ogaref[1] :


Mon cher Aga, J’ai reçu ta lettre hier et je réponds aujourd’hui. Ne crains rien, cher ami : vos lettres ne s’égarent pas, elles m’arrivent toutes exactement, et il me semble que je réponds d’une façon circonstanciée à toutes les questions et à toutes les remarques.

Tu m’écris maintenant qu’on a décidé de faire une première

  1. Cette lettre a été omise dans la traduction française de la Correspondance.