Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/548

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Personne n'a jamais prétendu le contraire, et il était inutile de se donner l'air de nous en faire la démonstration. Le mot aujourd'hui, dans la lettre de notre Comité fédéral, ne signifie pas nécessairement ce jour même : il faut comprendre bien mal le français pour l'entendre dans ce sens.

L'accusation portée contre le Progrès et la Solidarité est absolument mensongère en ce qui concerne le premier de ces deux journaux. Nous avons déjà dit que, pendant tout le cours de sa publication, le Progrès n'a parlé que trois fois du Conseil général, et chaque fois d'une manière amicale... Ajoutons que le Progrès ayant déjà cessé de paraître avant le Congrès de la Chaux-de-Fonds d'avril 1870, c'est-à-dire avant la scission de la Fédération romande[1], il serait ridicule de notre part de réfuter sérieusement les gens qui prétendraient que le Progrès a discuté cette question devant le public bourgeois.

Quant à la Solidarité, il est évident qu'elle devait discuter cette question-là ; elle ne pouvait s'en abstenir, les choses en étaient arrivées à un point où la publicité était devenue indispensable. D'ailleurs, comment ose-ton faire un crime à la Solidarité d'une polémique dont l'Égalité lui avait donné l'exemple ? Nous avons reproduit plus haut les principaux articles des deux journaux après la scission : on a pu juger suffisamment quel est celui des deux dont l'attitude a été la plus convenable, et qui a cherché sincèrement la conciliation ; et nous sommes certains que les lecteurs impartiaux renverront à l'Égalité de 1870 le blâme que le Conseil général a voulu infliger au Progrès et à la Solidarité.

La conclusion des interminables considérants de ce jugement dérisoire, c'est un arrêt formulé ainsi :

« La Conférence décrète que la Fédération des Montagnes se nommera Fédération jurassienne. »

Ici nous nous abstenons de tout commentaire. Les meneurs de la Conférence se croyaient si sûrs du triomphe de leur despotisme, qu'ils ne prenaient plus la peine de masquer leur insolence ; elle éclatait jusque dans la rédaction de leurs ukases. L'autonomie des fédérations était audacieusement souffletée.

Les internationaux des Montagnes jurassiennes allaient relever le gant.


Outre les dix-sept résolutions imprimées, il y en avait d'autres qui ne furent pas publiées, et au sujet desquelles on lit la note suivante à la fin de la brochure Résolutions des délégués de la Conférence :


Note. — Les résolutions de la Conférence qui ne sont pas destinées à la publicité seront communiquées aux Conseils fédéraux des divers pays par les secrétaires correspondants du Conseil général.


Ces résolutions-là nous sont, naturellement, demeurées inconnues.

  1. Son dernier numéro est du 2 avril 1870.