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Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/616

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veau une fois le Congrès fini ? Comment le secrétaire du Comité fédéral romand expliquera-t-il tant de lâcheté et d’hypocrisie ?

Mais, au fait, que nous importe ? et pourquoi rendre un instrument responsable de ce qu’on lui fait faire ; — car les Outine, Perret, Grosselin et Cie ne sont que des instruments. C’est à la tête qu’il faut s’attaquer, — et la tête est à Londres.


À notre profond étonnement, en ouvrant le journal l’Internationale, de Bruxelles, du 14 avril, nous y avions vu reproduit l’article d’Outine du 7 avril. Ce fait extraordinaire confirma, pour nous, ce que nous soupçonnions déjà : c’est que Marx avait à Bruxelles des agents qui savaient profiter, à l’occasion, du laisser-aller ou du manque de clairvoyance de quelques membres du Conseil régional belge. Claris, l’ancien rédacteur en chef de la Révolution sociale, adressa aussitôt (17 avril) à l’Internationale une protestation indignée, disant : « Dans ce factum misérable (l’article d’Outine), la rédaction de la Révolution sociale est assimilée aux plus viles créatures de l’ex-empire, et quasi-traitée de policière... Quant à nos collaborateurs, je livre leurs noms au public, qui ne les tient évidemment pas pour des bonapartistes. Voici ces noms : Arthur Arnould, E. Razoua, André Léo, G. Lefrançais, L. Marchand. » Le Comité fédéral jurassien, de son côté, manifesta par une lettre au Conseil fédéral belge (20 avril) « la douleur et l’indignation » qu’il avait éprouvées en voyant l’Internationale reproduire « les perfidies contenues dans l’Égalité de Genève », et mit le journal belge en demeure « de se prononcer catégoriquement sur le bien ou le mal fondé des accusations qu’il avait reproduites d’après l’Égalité ». L’Internationale publia dans son numéro du 21 avril la protestation de Claris, et dans celui du 5 mai elle fit la déclaration que lui demandait la lettre du Comité fédéral jurassien ; voici comment elle expliqua, non sans embarras, la reproduction dans ses colonnes de l’article de l’Égalité, et comment elle en fit amende honorable : « Dans le numéro du 14 avril, nous avons publié par inadvertance un article intitulé Crime de haute-trahison, tiré du journal l’Égalité de Genève, et que nous n’avions guère lu en entier. En lisant l’article après le tirage, nous nous sommes aperçus de cette bévue bien involontaire, mais regrettable de tous points... Le Comité fédéral jurassien nous adressa, en date du 20 avril, une lettre bien vive au sujet de l’hospitalité donnée dans nos colonnes aux diatribes formulées contre lui par l’Égalité... Nous sommes fondés à espérer que l’aveu des regrets que nous venons d’exprimer justifiera à ses yeux notre bonne foi qui a été surprise dans un moment de précipitation, et que le Comité fédéral jurassien sera satisfait. » En reproduisant cette déclaration, notre Bulletin (no 8, 1er juin) la fit suivre de ces lignes :


Le Comité fédéral jurassien n’a pas douté un instant de la bonne foi et de l’impartialité de nos amis de Belgique, et la déclaration si franche de l’Internationale ne peut que cimenter la bonne harmonie qui existe entre la Fédération belge et la Fédération jurassienne.


Mon vieil ami Constant Meuron était mort dans les premiers jours de mai. Je l’avais vu pour la dernière fois le 29 mars ; une lettre du 9 avril m’avait annoncé qu’il avait été malade, et qu’il allait mieux ; prévenu trop tard, par Mme Meuron, d’une aggravation subite de son état, je ne pus l’assister à ses derniers moments. Lorsque je me rendis à ses obsèques à Saint-Sulpice, je m’y trouvai à peu près seul, avec quelques-uns de ses anciens collègues à la Constituante neuchâteloise de 1857, entre autres le juge de paix Alfred Dubois, venu du Locle. Dans le no 7 du Bulletin (10 mai), je lui adressai un dernier adieu au nom de ceux qui l’avaient aimé ; je le reproduis ici :