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Montesquieu et l’Esclavage




AVANT-PROPOS




Cette étude a pour but de mettre en lumière certains aspects d’une des plus étonnantes révolutions qui aient jamais eu lieu, savoir, l’abolition de l’esclavage. Sans doute il existe déjà une quantité d’excellents ouvrages sur ce sujet, et après les savants travaux de Biot, de Wallon, de Cochin, de Peytraud et de Scelle, il paraît quelque peu présomptueux de reprendre cette matière. Mais c’est un fait incontestable que ce n’est pas la force des événements qui a fait justice de l’institution de l’esclavage ; c’est la force de l’opinion publique. C’est la puissance des idées morales qui a fini par faire disparaître un usage universellement pratiqué depuis les temps les plus anciens. Et si l’on voulait faire de la philosophie, on trouverait, dans l’histoire de l’opinion publique sur l’esclavage, la justification d’un optimisme social que rien ne saurait ébranler ; car, puisqu’une institution si profondément enracinée dans les mœurs a été détruite par l’ascendant de l’humanité et de la civilisation, on a le droit de dire qu’aucun préjugé, aucun abus de la force, aucune erreur ne peuvent résister à la puissance d’une opinion publique éclairée. L’abolition de l’esclavage a été la plus grandiose manifestation d’altruisme national et international que l’esprit humain ait réalisée.