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ÉPITAPHE D’UN CASSEUR DE PIERRES
Ci-gît un tel qui cassa des cailloux
Et qui les mit en tas au bord des routes.
Certains semblaient de la mie où la croûte
Reste attachée : ils étaient blancs et roux.
C’est, pour un pauvre, un bien triste mirage
Que les cailloux qui simulent des pains !
Il les mouillait, pour en nourrir les siens,
De la sueur coulant de son visage.
Il est tombé pour sauver son pays.
Quand on fouilla dedans sa gibecière,
On crut d’abord y trouver une pierre :
C’était du pain à la longue durci.
À ses enfants qui sont dans la misère
On l’a donné, et ils ont bien compris
Le grand miracle autrefois accompli
Dans la sueur du visage du père.