Page:Jammes - Cinq Prières pour le temps de la guerre, 1916.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je les prenais sur mes genoux pour qu’ils babillassent. Et je pressais contre leurs joues fraîches ma joue qui ne connaît plus que le baiser de la crosse du fusil. Et ils ne savaient pas. Et avant que je partisse pour le front, ils me disaient : « Nous ne voulons pas que tu sois tué par les Allemands. » Sous la lampe, ma femme coud, impassible comme sait paraître l’énergie. Et les deux vieillards s’assoupissent, les traits tirés.

Seigneur, je ne vois même pas

- 18 -