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C’est un repas frugal que l’on mange à l’abri,
c’est un pain virginal divinement amer,
C’est le Pain qui est Dieu, par l’Esprit et la Chair,
qui nourrit, et guérit du mal de cette vie.
 
Ne crois pas, ô toi qui t’assieds à cet abri,
près de ces travailleurs et de ces travailleuses
dont la face est noircie par l’ombre besogneuse,
ne crois pas que ton Dieu en toi pousse un grand cri.
 
Car, assis au milieu des siens, à cette Cène,
le Christ parle si bas qu’à peine on peut l’entendre.
Mais bientôt je ne sais quoi d’indicible et tendre
nourrit d’encens divin l’âme et la rassérène.