Page:Jammes - De l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir.djvu/133

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Le bœuf lent, que l’on vit dans les fêtes antiques,
est utile entre tous à nos us domestiques.
On voit sa bonne tête et son goitre bougeant
quitter l’étable ombreuse et, des crottes aux cuisses,
il s’achemine vers l’horizon d’un bleu d’argent,
précédé du troupeau naïf des roses génisses.

Autre animal : sur l’eau, la libellule bleue
vibre immobilement près d’un jonc coupé en deux.

La chèvre, à la barbe en pointe, au corps noueux,
au poil rude : elle broute, près des fossés poudreux,
les vignes sauvages avec un bruit de ciseaux.

Les brebis sont devant le berger :
sur elles on dirait toujours qu’il a neigé.
Le chien qui les garde est très agité.
Il gambade et l’on voit sous le bras du berger,
comme une loque, un agneau nouveau-né
qu’essaie de lécher sa mère sanglante.

Le cochon : on le voit, sur le fumier des fermes,
renifler quelque pelure de pomme de terre.