Page:Jammes - De l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir.djvu/167

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Des coudriers où dorment les martins-pêcheurs…
Endors-toi donc… Je ne sais plus si c’est ton rire
Ou l’eau qui court sur les cailloux qu’elle fait luire…



II





Ton rêve est doux — si doux qu’il fait bouger tes lèvres
Tout doucement, tout doucement — comme un baiser…
Dis, rêves-tu que sur un roc vont se poser
Parmi des thyms chèvrefeuilles de blanches chèvres ?

Dis, rêves-tu que sur la mousse, en notes mièvres,
La source pure au fond du bois vient à jaser.
— Ou qu’un oiseau tout rose et bleu s’en va briser
Les fils de Vierge et faire au loin s’enfuir les lièvres ?

Rêves-tu que la lune est un hortensia ?…
— Ou bien encor que sur le puits l’acacia
Jette des fleurs de neige d’or sentant la myrrhe ?

— Ou que ta bouche, au fond du seau, si bien se mire,
Que je la prends pour une fleur qu’un coup de vent
A fait tomber, du vieux rosier, dans l’eau d’argent ?