Page:Jammes - De l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir.djvu/251

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Voici des abricots sucrés comme sa bouche,
voici sur les platanes le cri aigre des cigales,
et voici la colline où, après les averses douces,
l’arc-en-ciel fleurit comme un grand verger pâle.

Voici des papillons plus papillons que l’azur,
et voici le gazon qui ressemble à l’azur.
Voici une hirondelle et voici un mendiant,
et les rogations qui enchantent par leurs chants.

Voici les ânes doux qui crèvent sous les bâts.
Voici les vieilles fées qui portent dans leur cabas
l’ombre mystérieuse, fraîche et centenaire,
des baisers échangés à l’ombre des chaumières.

Voici une daüne montée sur une grande mule.
C’est la maîtresse d’une grande maison paysanne.
Elle range le linge au fond frais d’une armoire
immense, en une salle aux grands rideaux de tulle

où, l’été, voltigent et bourdonnent les mouches bleues.
Voici encore les jeunes filles des environs,
plus fraîches qu’aux mousses ne sont les mousserons,
plus fraises que la fraise au fond du ravin bleu.