Page:Jammes - De l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir.djvu/275

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Maintenant tu es loin, petite caressante.
Où est ta gorge tendue et mince, et ta hanche
qui s’arrondit et se ramasse comme une vague ?

Je te revois avec tes cheveux noirs comme une hirondelle,
tes yeux beaux comme toi, ta bouche un peu épaisse,
et ton cou pur, large à l’épaule, et volontaire.

Nous rîmes. Je te disais : oh ! tu as l’air
d’une de ces vieilles gravures de dans Musset
où on est sur un âne sur de la mousse.

Alors tu m’embrassais. Ton tremblement de rire aigu
se mêlait aux baisers de nos lèvres confondues…
Puis nous redevenions sérieux et tout seuls.

Et tu regardais sur mon grand chapeau de soleil,
que j’avais posé là, une branche de glaïeul
que j’y avais jetée négligemment.


1897.