Page:Jammes - De l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir.djvu/286

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L’Élévation ! À genoux ! Les feuilles comme des arrosoirs
pleurent sur le peuple agenouillé et plein d’espoir,
et alors, dans l’enthousiasme, vers l’ostensoir

les petites filles jettent des pétales de roses,
et les filles plus âgées qui chantaient si douces,
se taisent, courbées devant les vases de mousse,

et la clochette tinte saintement,
et le peuple se relève tout doucement.
Tout ça a quelque chose de très calmant.
Nous sommes les processions
des Fêtes-Dieu, des Rogations,
les Adorations, les Bénédictions.

Nous sommes tristes comme les vieux jardins du pays basque
comme les croix en fleurs des routes pâles,
comme l’âme du poète qui vit dans un village,

et qui regarde passer, sur les pavés très âgés,
les pas morts de parents morts qui furent aux îles,
et qui dorment sous les tabacs roses des Antilles,

dans la paix de la mort d’un cimetière abandonné.