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UNE MAISON DE PÊCHEUR

Je suis, au bord de la mer,
une maison où les fenêtres
et la porte sont ouvertes
et sont des trous en terre.

C’est moi, qui suis le poète,
qui est, comme moi, en terre,
et qui a des trous à la tête :
yeux, nez, bouche et oreilles.

Des vêtements, devant moi,
sèchent, jaunes, luisants, durs,
à côté d’une barque sur
laquelle il y a des rames.

Je suis, je suis le poète,
car, par mes simples fenêtres,
tout le ciel entre en fête
dans les trous de ma tête.

LES NOYÉS

Nous vivons dans la mort, comme les grands poètes,
dans la mort transparente et saine de l’eau ;
et nous n’entendons plus le murmure des terres,
et le ciel de la nuit fait le jour dans les flots.