Alors ta fiancée m’avait ramassée
et, comme ma belle tige verte était cassée,
elle m’avait glissée, avec ses doigts de neige,
dans son corsage de neige où je m’étais fanée.
(Le chien a suivi la servante et s’est couché sur la descente de lit de son maître.)
Ô mon cher maître aimé ! Quand tu me donnais des coups,
je t’aimais. Près de toi, j’ai passé de longs jours,
mais maintenant ta voix ne sait plus m’appeler.
Je me souviens des jours où j’étais à tes pieds,
et que tu me regardais avec tristesse. Quand j’étais
un tout petit chien, tu me donnais du lait tiède,
et tu me caressais et j’étais comme fou.
Tu me mettais sur la table, tout petit, et, tout à coup,
j’aboyais.
Souvent je l’ai regardé lorsque, endormi,
il sommeillait sous un rayon de poussière oblique.
Mon cœur était amer et ne se consolait
qu’en le voyant ainsi, timide et résigné,
me regarder, puis refermer les yeux tout doucement.