Page:Jammes - De l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir.djvu/50

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avec les étables où sont les douces génisses
et les vaches poussant de longs gémissements,
et les cochons qu’on tue en les saignant longtemps,
et leurs cris aigus de mort quand ils s’affaiblissent ;

avec les oiseaux gais dont la voix est mouillée,
près de l’eau, sur les petites branches qui plient ;
et, sautant comme des boules roulent, les pies
qui crient et dont la voix semble toute rouillée.

Ainsi vont, dans les larges plaines, les villages
éparpillés qui chantent dans l’air bleu et clair,
ou qui se taisent, sous le ciel couleur de fer,
sous les raies de pluies fine en travers qui bruissaillent ;

avec un chat immobile au milieu d’un champ,
avec les femmes à pas lents qui songent, laissant
tomber les grains de maïs et comme si elles
songeaient qu’il ne faut pas contrarier la terre ;

avec les hommes qui prennent dans un tamis
de l’engrais qu’ils lancent fort, au-dessus de terre,
qui fait au soleil un nuage de poussière ;
avec la nuit épaisse où tout est endormi.