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J’AI ÉTÉ VISITER…


À Arthur Chassériau


J’ai été visiter la vieille maison triste
du village où vécurent les anciens parents :
la route en cabriolet, pleine de soleil,
était toute triste et douce comme le miel.
Il y avait la plaine bleue et des pigeons
qui volaient le long des labours que nous longions.
La jument était bien vieille et bien fatiguée.
Elle me faisait de la peine et semblait âgée
comme les choses de l’ancien temps où j’allais.
Je savais que, depuis cent ans, ils étaient morts,
les vieux parents naïfs, doux, aux yeux sans remords,
qui allaient sans doute à la messe le dimanche
avec leur plus magnifiques chemises blanches.