Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/135

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— Tous qui ? demandai-je.

— Allons ! Soyez convenable, intima-t-il. C’est M. Léonard Bazeilles qui a lu sa rime sur le tombeau de notre regretté Pascal Mongiscard.

— Messieurs, excusez-moi ! Nombreux sont les poètes et divers les sujets qu’ils traitent. Et puis ma génération n’est plus toute jeune.

— Ne parlez point politique ! ordonna le gendarme qui n’avait encore rien dit.

— Quant à ça, il est convenable, reprit l’enquêteur qui me parut avoir une prédilection pour le mot : convenable. Et ne pourriez-vous, pour nous prouver la jonclure de votre témoignage, nous réciter une rime ?

Décidément, le brave homme tenait à la rime. Aussi, et sachant que je ne pouvais guère que risquer la prison — et par un temps pareil ! — je me décidai à leur débiter ce qui passerait par ma tête de vieillard indulgent. Et je commençai de frapper du pied comme un escrimeur, ou comme un jongleur, et recommençai d’en faire autant chaque fois que dans mon élucubration revenait le mot gendarmes.