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Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/159

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ressens de divin en toi, admire ces pétales qui semblent les yeux mêmes du Printemps.



Scène V

Dans le grenier le vieux poète vient d’assister en spectateur, par un trou de la cloison, à la scène précédente. La nuit se déroule et son azur tremble dans un silence que ride seul, par moments, le chant du rossignol. Les rouages de la vieille mécanique du monde glissent sans effort.

LE VIEUX POÈTE

Quelle joie d’assister à une fête de l’esprit et quel honneur d’appartenir, oh ! bien humblement, à une corporation si habile à manier le caractère humain et à tailler dedans un sonnet ou une fable, comme un savetier un soulier dans du cuir ! L’amitié de telles Ombres attendrit ma vieillesse habituée au rudoiement de rustres pareils à celui-ci que je vois, par ce trou, baver — tel un escargot ! — sur les fleurs qu’il a mutilées… Mais le voici qui revient s’étendre auprès de sa digne moitié… Les Ombres amies des fabulistes se taisent. Que préparent-elles encore ? Il n’est