Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/189

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tant d’extravagances. Cette peinture est froide, affirmaient quelques-uns qui, à cette noble altitude, eussent préféré l’excitation d’une peinture complaisante. Elle manque de métier, observaient encore ceux qui croient encore à la mimique facile de l’amour.

Mais c’était simplement que ladite peinture ne permettait à ces détracteurs aucune familiarité. Il est une façon dont la peinture nous regarde, et il est beau que la beauté se défende parfois d’elle-même et que, inaccessible à certains, elle n’ait pas à subir leurs privautés.

C’est le cas. La fierté froide de ces pics azurés s’accorde davantage à quelque élégie de Lamartine qu’à des bouffonneries poétiques. Jamais de manque de tenue. C’est une noblesse naturelle transposée à tout, d’une âme passionnée, mais qui hait le tumulte, d’une âme qui ne sourit qu’à la façon des collines, c’est-à-dire dans l’ombre apaisée. J’avais déjà fait remarquer cette gravité dont l’émotion ne se trahit que comme la pudeur sur un admirable visage, et que c’est d’elle que sont nées ces évocations d’une Londres