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Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/210

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FEUILLES DANS LE VENT

un grand cœur brisé. Une mélancolie superbe régnait là où le siècle n’a point pénétré autrement que par l’honneur, l’intelligence et la foi.

Cette maison, ouverte aux quatre vents, aux pauvres et aux poules, gardait plus jalousement qu’un coffre le secret d’un passé glorieux et prodigue. Deux rois peints y voisinaient. Et l’ancêtre Théophile, le sourire chargé de toute la raillerie désabusée de son siècle, l’encyclopédiste dont Brissaud a dit qu’il sut, dans le domaine de la neurologie, pressentir ce que nous savons, dans son cadre y trônait.

Son descendant collatéral, Charles de Bordeu, s’avançait vers moi, la main tendue, la tête haute. Rien ne lui a enseigné, à ce solitaire écrivain, que la pompe d’un siècle royal n’a plus cours. Passant par-dessus les usages qui ne sont point de tradition, il maintient son droit. Il ignore le bridge, le thé et même le tabac à fumer. Mais il ressemble à quelque Charles XII, je pense, petit, de teint coloré et les yeux bleus ; et l’on sent bien que, s’il faisait campagne militaire, il serait utile à la fin, comme fit le roi de