La rivière de Bordeu prend sa source auprès de la maison natale, la maison du Dernier Maître, dans une contrée montagneuse et romantique qui élève le cœur et fait ployer les genoux. Là, cette rivière réfléchit les visages pleins de race des aïeux et des aïeules, murmure à leurs deuils, rit à leurs fêtes. Elle poursuit son cours à travers les pelouses de la Marie bleue, y mire quelques frais visages de laveuses aperçus par des yeux de vingt-cinq ans ; elle traverse les Pages de la vie dont la philosophie s’annonce déjà chrétienne par une sérénité dont l’ampleur fait penser au dialogue de quelques antiques ; elle arrose la féerique forêt sur laquelle règne Maïa, nymphe belle et dangereuse autant que la plus subtile déesse ; elle argente le pâturage où un petit pâtre moderne, Jean Pec, enseigne à des hommes plus intelligents que lui le secret du bonheur et de la santé morale. Nous suivons les lacets de la rivière limpide, chargée d’harmonies et d’images, dans le pays où le Chevalier d’Oslabat s’en revient finir. L’eau, frappée par un ciel plus pur se clarifie encore, car en avançant vers