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NOTES SUR QUELQUES ARBRES

branches des ormeaux, qui sont tordues comme des éclairs, retiennent un tel amas de feuillage que l’on dirait des blocs de nuit en plein jour.

Quatorzièmement, du saule pleureur. — C’est une averse de verdure.

Quinzièmement, du bouleau. — Les feuilles triangulaires et très mobiles du bouleau font un bruit de pluie. Le tronc, qui pèle finement, a la blancheur de la chaux avec, çà et là, des cicatrices noires qui ressemblent à des yeux d’après des méthodes de dessin.

Seizièmement, du charme. — Il ne faut le considérer que taillé, creusé, dirigé. Les amoureux ne s’enfoncent pas dans ses couloirs, faits de petits cœurs plissés, sans une secrète angoisse. La jeune fille qui, avant d’y pénétrer, est pâle comme la moitié d’une cerise, est souvent, lorsqu’elle en sort, rouge comme l’autre moitié.

Dix-septièmement, du platane. — Son écorce, qui s’enlève par plaques, donne au tronc l’aspect d’un serpent moucheté. Ce tronc, à l’endroit où il se ramifie, représente souvent un torse humain dont la peau se plisse dans un