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LA PÊCHE À LA LIGNE

le poisson. Il est sur le rocher, à mes pieds. C’est une truite.

Le soir tombe. Je plie bagage. Mes lourds souliers foulent l’herbe humide d’un chaume. La fraîcheur s’élève. Mon épuisette et ma canne sous un bras, mon sac et mon panier en sautoir, je ne dois pas beaucoup différer d’un pécheur d’il y a trois mille ans. Rien n’est plus primitif qu’un pêcheur à la ligne. Je me dirige vers la ville. Je fuis les rares personnes que j’aperçois. Je pense à mes trois petites filles que je vais revoir bientôt.