Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/323

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— Chérie, si tu le veux, je vais t’aider à descendre de ton lit ?

Elle s’approche de Pomme d’Anis, la prend délicatement sous les bras. Et Pomme fait un petit effort et se laisse glisser comme un liseron qui se clôt.

— Ouf ! Ça y est. Merci. Passe-moi mes bas, je te prie ?

La matinée de cet Août est bleue. On peut la comparer à un gouffre d’eau calme dont les bords seraient battus par les feuillages, car, du bas du perron jusqu’à la ligne dont le déroulement forme une falaise d’azur gris, le sombre océan forestier moutonne. C’est une succession d’épaisses vagues vertes dans un golfe de nacre. Çà et là, et de même qu’au milieu de la mer, entre les flots élevés, se forment de longs espaces d’eau paisible, les prés s’étendent. Le gave, en un point précis, brille. Le ciel y ruisselle, entre deux aulnes… Puis une route monte, entre les fuseaux des peupliers, courbés tous comme des plumes,