Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/329

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans un vaste fauteuil à fleurs d’un bleu passé. Pomme d’Anis s’est assise. Elle a l’air fatiguée, mais on ne saurait l’être avec plus de grâce. Sa main ridiculement petite s’appuie sur la tête de sarcelle de sa canne d’ébène. Son corps, presque étendu, se laisse aller. Mais la tête demeure dressée, fière ; la bouche est si mince qu’il faut pour en corriger la finesse un peu agressive, l’illumination du sourire étincelant de bonté. Et le regard gris de violette de cette enfant possède déjà cette royale gravité que donnent, alliées à la race, la souffrance et la résignation.

Tout à coup, on pousse un cri de joie. C’est l’oncle Tom ! Quelle surprise !

Brave oncle Tom, il est là, portant comme une bandoulière sa boîte de Dillénius couleur de fourrage frais. Il salue, tenant un bouquet de gentianes bleues et de bruyères roses qu’il offre à Mme  d’Atchuria.

— Oh ! merci, monsieur des Arbailles… Luce Mets-les dans l’eau… On les dirait nacrées…