Distraitement, Johannès ouvre l’herbier où, en première page, s’étale cette admirable parnassie que l’oncle Tom avait cueillie au jour que Johannès avait fait comprendre à Pomme d’Anis quel sentiment très doux il lui avait voué.
— Vous souvenez-vous ?… Vous souvenez-vous ? répète-t-il.
Et comme elle se tait :
— Vous souvenez-vous que je vous aime ?…
Quelque absurde que cela puisse paraître, la franchise de cet aveu blesse la jeune fille. Ses trop longues méditations, — hélas ! comme celles qui ont trait à la jalousie — ont échafaudé un douloureux système qui se résume en ceci : Je suis boiteuse. Je ne puis pas inspirer d’amour. Et encore : Johannès m’aime par pitié. Sans cela il épouserait Luce…
Elle tremble cependant comme une source au soleil. Que répondre ?… Ah ! Mon Dieu, elle n’avait pas prévu…