de fil blanc dans la bouche, et toute réjouie, avec ses fossettes de beau fruit… Ah ! Je ne savais pas, moi, exprimer ces choses-là en vers, mais je les ressentais. Est-ce qu’il y a besoin d’écrire l’amour pour qu’il soit vrai ? Est-il besoin, pour le donner, de raconter son cœur ? Je ne sais pas, moi, raconter mon cœur. Et quand Françoise et Pierre s’extasiaient sur la beauté des épis, je ne savais pas la peindre, moi qui les avais semés dans la joie, et mon âme n’avait qu’une prière muette comme la voix de ces épis. Pourtant je conservais en moi ces choses… Pour moi elles étaient de la vie, de la vie toute simple. Et j’aimais Françoise sans effort, comme une pomme se colore pour se laisser découvrir dans le feuillage, sans le quitter.
Elle va être là. Elle va être là, présente. C’est comme si la moitié de mon âme accourait à la rencontre de l’autre moitié. Il me semble que je ne l’ai pas quittée un instant durant ces mois longs et lourds… Il y avait dans mon cœur un point où aboutissait le sang de Françoise et, malgré la séparation, j’entendais en moi couler ce sang à gros san-