Page:Jammes - Le Deuil des primevères, 1920.djvu/186

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on entend, sans les voir, les cigales grinçantes
chanter assidûment votre Toute-Puissance.
Le merle inquiet, dans les noirs feuillages des eaux,
essaie de siffler un peu longtemps, mais n’ose.
Il ne sait ce qu’il y a qui l’ennuie. Il se pose
et s’envole tout à coup en filant d’un seul trait,
à ras de terre, et du côté où l’on n’est pas.

Mon Dieu, tout doucement, aujourd’hui, recommence
la vie, comme hier et comme tant de fois.
Comme ces papillons, comme ces travailleurs,
comme ces cigales mangeuses de soleil,
et ces merles cachés dans le froid noir des feuilles,
laissez-moi, ô mon Dieu, continuer la vie
d’une façon aussi simple qu’il est possible.