Page:Jammes - Le Deuil des primevères, 1920.djvu/25

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Mon enfance est là-bas dans un petit parterre,
ma jeunesse un amour d’automne gris et vert,
et le reste sera l’yeuse du cimetière.

Peut-être que si Dieu ne m’a point fait mourir,
c’est qu’il s’est souvenu de toi, toute petite,
qui soignes, en m’attendant, tes jolis canaris.


II


Oh ! viens… (comme disaient les anciens poètes),
oh ! viens… Que ton petit cœur me donne le bras.
Tu verras, au village obscur, de vieux lilas
aux fleurs jeunes comme tes mouvements de tête.
Et si tu n’as pas vu le soleil qui se couche
sur la buée de bleu qui tremble sur les chênes,
tu sentiras brûler ce soleil sur ta bouche.