Page:Jammes - Le Deuil des primevères, 1920.djvu/42

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Des oiseaux jaunes coloriaient les porcelaines.
Les déjeuners glacés des déclins de Septembre
étaient silencieux, ennuyés et sévères,
et quand la jeune fille descendait de sa chambre,
elle baisait au front le maniaque grand-père.

C’est sa robe, sans doute, que mon songe a rêvé
sur le banc que la mousse et l’humidité mordent.
Il est encore au fond de la plus noire allée,
parmi les aiguilles de pin flexibles et mortes.
C’est là que Célia, tristement accoudée,
venait au soleil pâle après les déjeuners.

Tu as voulu revoir, avec moi, la maison.
Tu savais mieux que moi l’histoire douloureuse
de cette Célia qui mourut de langueur,
qui se mourut d’un mal dont on cacha le nom,
d’un mal sur qui des bruits singuliers coururent,
mais que soigneusement les servantes ont tu.