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vant la chambre de son père. La porte en est ouverte, et les papiers sont toujours sur la table. Elle hésite, entre, s’en va, revient, ferme les yeux et les rouvre. Elle est seule. Rapidement, elle s’empare de deux lettres, au hasard, chacune prise au milieu de deux paquets rangés, mais non ficelés, et s’enfuit dans sa chambre. Elle cache les lettres dans son sachet à mouchoirs, puis s’agenouille et demande pardon à Dieu.

La promenade sur les coteaux est délicieuse, mais Clara d’Ellébeuse n’en goûte point le charme, et l’après-midi lui paraît long. Elle ne se sent un peu plus à l’aise qu’au retour, bien que, durant un quart d’heure où son père est monté dans ses appartements, elle éprouve une crainte et une angoisse inexprimables.

Enfin sa peur se dissipe lorsque M. d’Ellébeuse reparaît, une dizaine de liasses cachetées dans les mains, et disant :

— Tenez, mon cher d’Astin, voici vos lettres en ordre.

Le dîner et la soirée se passent monotones. C’est, comme la veille, une tiède soirée de l’été finissant, dont le silence n’est troublé, dans le salon, que par le bruit sec et léger des pièces de buis sur l’échiquier.

À dix heures, Clara d’Ellébeuse regagne sa