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LE ROMAN DU LIÈVRE

Il demeura jusqu’au soir dans ce chaume, immobile, ennuyé seulement d’une nuée de moustiques tremblante comme une route au soleil. Puis, au crépuscule, il fit deux bonds, doucement, devant lui et deux autres, à gauche, à droite.

C’était le commencement de la nuit, il s’avança vers la rivière où les quenouilles des roseaux laissaient pendre au clair de la lune le chanvre des brouillards d’argent.

Lièvre s’assit au milieu du foin fleuri, heureux qu’à cette heure les sons ne fussent qu’harmonieux, et que l’on doutât si l’appel des cailles n’était pas celui des fontaines.

Les hommes étaient-ils morts ? Un seul veillait au loin, faisant des gestes sur les eaux et retirant sans bruit son épervier ruisselant de rayons. Mais le cœur de ces eaux en était seul troublé, celui de Lièvre restait calme.

Et voici qu’entre les angéliques apparaissait peu à peu une boule. C’était la bien-aimée qui s’avan-