Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/45

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Les paysages que Lièvre et ses compagnons découvraient les ravissaient en extase, d’autant plus que, à l’inverse des hommes, ils n’avaient jamais soupçonné les beautés du ciel, à cause qu’ils ne le pouvaient apercevoir que de côté, et non au-dessus, ce qui est le propre du roi des animaux.

Donc, le Courte-queue, le Loup, la Brebis, l’Agnelle, les Oiseaux, les Labrits, l’Épagneule constataient que le ciel était aussi beau que la Terre. Et tous, excepté Lièvre, qui avait parfois la préoccupation de l’itinéraire, goûtaient une joie sans mélange dans ce pèlerinage vers Dieu où le firmament, qui, naguères, leur semblait inaccessible au-dessus d’eux, était maintenant remplacé peu à peu par la terre, à son tour inaccessible au-dessous d’eux. Ils la considéraient, à mesure qu’ils s’éloignaient d’elle, comme leur nouvelle voûte éthérée. L’azur des océans y roulait des nuages d’écumes, et les chandelles des boutiques y étoilaient l’étendue de la nuit.