Page:Jammes - Le Triomphe de la vie, 1911.djvu/19

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où sont pendues les graisseuses vessies,
les jambons où des croûtes de sel luisent,
les saucissons secs, les saucisses lisses,
et les carrés de mandrèche qu’on frit.
Et, dans sa main noire, la cuiller luit.

Et de Noarrieu, le maître, lui demande
(c’est lui qui loue, pour le fumier, son champ)
« J’ai vu beaucoup de tes brebis boitant ? »
Martin répond : « Ça arrive souvent,
dans la vallée, que leurs pieds sont souffrants.
C’est le fumier qui les rend traînassantes. »


*


Et Lucie dit qu’elle vient de servir.
Et de Noarrieu va manger les œufs frits
dans la salle à manger noire et froidie :
« Porte du vin ? » dit-il à la Lucie.
Et il verse l’âpre vin du pays
dans un grand verre où la lumière luit.
Sur le dressoir sont les belles assiettes
où sont peints des oiseaux ornés d’aigrettes,
de jaunes fruits et des fleurs violettes.