Page:Jammes - Le Triomphe de la vie, 1911.djvu/46

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de sardine en baril et de pain rance,
dans la lueur des cornes du forail,
dans la rumeur torride des sonnailles,
éclate, net, aigu jusqu’aux entrailles,
le cuivre en feu d’un arracheur de dents.
Ce n’est point que Juin ait de grands marchés.
La fenaison, le maïs à sarcler,
le sulfatag-e, à quoi sont occupés
les paysans, les auront empêchés
de venir en foule transactionner.
Jean de Noarrieu est allé déjeuner.
Quant à Lucie, dessous les marronniers
d’un vieux petit jardin public désert,
soucieuse et douce elle s’assied.
Il est midi. Elle sort d’un panier
quelques œufs durs qu’elle se met à manger
sur son mouchoir de poche déployé.
Que dit son âme ? Ah I Mystère et mystère...
On ne saura jamais sur cette terre,