Page:Jammes - Le Triomphe de la vie, 1911.djvu/51

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sonna dans le tremblement du soleil.
La faux qui pousse un clair gémissement
rasa le blé et les liserons blancs,
la salicaire et le chardon volant.
La chaleur fit crépiter dans les champs
la paille creuse, aig-uë, ronde et brisante.
Et éclata la cig’ale grinçante.
Son cri prit feu, soudain, comme la poudre,
se continuant d’arbre en arbre, et toute
la plaine bleue courbée sur le blé roux,
à l’heure de la sieste où rien ne boug-e,
fit ce sifflement qu’entre ses dents pousse
un enfant qui excite un chien sur la route.
Tout, hors ce cri déchirant, fit silence.
Un jour seulement, sur la route blanche,
interrompant l’après-midi brûlant,
le triste et sourd et g-rave frappement
d’un tambourin, dontjouait un mendiant
qui montrait un pauvre ours, éveilla Jean.
Et, entr’ouvrant la fenêtre, il vit l’ours
qui dansait, plus poussiéreux que la route.