Il se demande : A quoi donc rêve-t-elle ?
Puis il se dit : Gomme elle est dure et belle...
Peut-être bien que c’est moi seul qu’elle aime.
Mais bientôt, il ressonge aux fleurs-de-neige,
et se dit que, par quelqu’un de Barèges,
Martin à Lucie les a envoyées.
Alors, il songe à la claire montagne
où les bergers vivent dans les cabanes,
au marbre pur où bruinent les cascades
sur les iris d’acier et les gentianes,
et aux brebis, à Bergère et à l’âne,
et à la vie belle et douce des pâtres.
Et il se dit : Ils sont plus beaux que moi.
N’est-il pas naturel que Lucie soit
celle qui aime un pâtre au fond des bois ?
Qui je suis, Lucie ne le comprend pas.
La poésie que j’ai rêvée gâta
toute ma vie. Ah ! Qui donc m’aimera ?
— « Tu dors ? » demande-t-il tout doucement.
Et la Lucie s’éveille en s’étirant.
Et il la prend dans ses bras mi-dormante.
Et elle aussi le presse tcTil’on». nt.
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