Page:Jammes - Le Triomphe de la vie, 1911.djvu/59

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vers la grang-e où l’on coule dans les sacs
le flot du blé qui se ride et se tasse.
Lucie est là, les pieds nerveux, qui passe
aux travailleurs du vin dans une tasse.
Dans ses cheveux, il y a de la paille.
Elle s’agite, elle rit, presque nue
dans une robe en toile où elle sue.
Et, un moment, courbée sur la mesure
de blé liquide où plongent ses bras durs,
la croupe haute, à genoux et tendue,
Jean a envie de la mordre à la nuque.
Les sacs comptés, les gens du métayage
font leur repas : du veau et du fromag-e.
Les bœufs patients, dépouillés des feuillag-es,
ruminent dans la fraîcheur de l’étable.
Et c’est la paix, c’est la fin de l’ouvrag’e,
et l’âpre vin qui brille sur la table.
C’est la Lucie qui, alerte, les sert.
Un vieux paysan à figure rusée,