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Page:Jammes - Le Triomphe de la vie, 1911.djvu/72

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Et, au pied des chênes environnants,
les beaux oiseaux d’ardoise couverts de sang*
battent le sol, tandis que, gémissant,
un pauvre appeau continue seul son chant,
son triste chant si funèbre où l’on sent
mourir les bois et bruiner novembre.
Les palombiers rechargent leurs fusils,
les vieux fusils qui datent de l’Empire.
Ils mesurent la poudre, lents et tristes,
dans leur main creuse. Et Ton entend le bruit
des grains de plomb qui chantent quand ils glissent
dans le canon brillant, sonore et lisse.
C’est que, pour eux, chaque coup doit tuer. r
La poudre est chère. Il faut se rattraper.
L’un dit : « J’ai la vache malade à crever.
Je lui ai donné du vin chaud sucré. » >
Et l’on sent bien, dans ces mots attristés,
comme il a peur de voir mourir la bote. >
Jean de Noarrieu laisse entrer dans son âme
le mois d’octobre qui l’attriste et la calme.
Il voit houler au loin les cimes d’arbres,
et, quand le vent pluvieux d’ouest fait rage,