un jour verdâtre filtre par la croisée.
Doucement, Lucie apporte la lampe.
Il est six heures et l’on entend le vent
qui g’cint, en colère, et qui siffle aux fentes
du manteau de la cheminée, et enfle
sa voix, puis s’apaise, puis recommence.
C’est l’automne fou et rouge qui chante.
On a entendu une flûte. Bientôt
les bergers s’en reviendront car, là-haut,
les Pyrénées vous paraissent plus proches.
Elles ont l’air terrible, triste, rauque,
et l’on dirait que, sur leurs neig-es jaunes,
une nuit longue et effrayante tombe.
Jean de Noarrieu dit : « L’hiver sera froid.
Il a beaucoup neigé sur la montagne. »
Lucie répond : « On quitte les cabanes. »
Jean de Noarrieu fait un sourire grave.
Il dit : « A-t-on bien nettoyé la grange ? »
Elle répond ; « Oui. Il y a un mois... »
Et elle dit : « Martin a dû quitter Barèges,
et j’ai fait faire une niche à Bergère,
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