Page:Jammes - Le Triomphe de la vie, 1911.djvu/77

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On le voyait. Il dressait les oreilles.
Puis, immobile et les yeux pleins de braise,
prêt à bondir sur les retardataires,
il surveillait le troupeau de côté.
Et le troupeau passait, passait, passait.
Et sa rumeur divine se perdait.
i Et c’est ainsi qu’un jour, vers la Toussaint,
Jean de Noarrieu, assis dans le jardin,
entendit s’ouvrir le portail qui grince.
Et le moutonnement des bruits d’airain.
Et les cris de la Lucie. Et les chiens
dans le ciel gris, avec, debout, Martin.
Et Jean pleura. Et les brebis boiteuses
penchaient la tête, sous le souffle de Dieu,
dans l’acre automne aux rivières brumeuses.
Et Médor flairait Berg-ère, la queue
au ventre. Et elle g-rommeladt, harg-neuse.
Et l’âne étalait ses oreilles creuses.
C’était si beau que, au seuil de la grange,
Jean de Noarrieu s’arrêta un instant,
la gorge serrée, et le cœur battant