Page:Jammes - Le Triomphe de la vie, 1911.djvu/79

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Jean de Noarrieu soudain sentit en lui
passer toute la beauté de la vie.
Dans ses cheveux un souffle froid frémit.
II s’approcha de Martin et sourit.
Il se sentait comme un roi pacifique
régnant enfin sur Tempire conquis.
« Bonjour, Martin ! » L’autre dit : « Bonjour, maître I »
Il prit la main calleuse du berg-er.
Et puis il dit : « Lucie, viens embrasser
celui à qui je veux te marier ? »
La douce vie emplissait le verg’er
où des moineaux, vers l’hiver, pépiaient.
Ainsi fut fait. Et quand, vers le vieux puits,
Jean de Noarrieu se retourna, il vit,
la bouche rouge et riante, une fille.
— Tiens, se dit-il, comme Jeanne a grandi I
Et il fixait avec des yeux surpris
une enfant brune et tendue comme un fruit.
C’était la fille aînée d’un métayer.
Elle portait sa cruche sur la tête,
un sein dressé par l’eJBFort qui haussait